PROMECA: Contrôle de Giardia par des probiotiques : détermination du mécanisme antiparasitaire
Responsabilité scientifique :
Isabelle Florent
Axes de recherche :
Partenariat :
Giardia duodenalis est le protiste responsable de la giardiose, parasitose caractérisée par une malabsorption intestinale, des diarrhées, une perte de poids et des douleurs abdominales intenses chez l’Homme et de nombreux mammifères. Cette maladie, dont l’impact est reconnu en santé publique (prévalence chez l’Homme adulte de 2 à 7,5 % dans les pays industrialisés et de 12 à 30 % dans les pays en voie de développement), peut entraîner d’importantes déficiences nutritionnelles, en particulier chez les enfants. Chez les animaux, la giardiose provoque aussi des troubles digestifs (diarrhée et maldigestion) chez ~15,6 % des chiens et ~10,3 % des chats, pour ne citer que les animaux de compagnie.
L’infection survient suite à l’ingestion de kystes présents dans des aliments ou l’eau contaminée. Les kystes, infectieux à très faibles doses, survivent pendant plusieurs mois dans l’environnement et sont résistants aux désinfectants usuels. Les traitements existants (5-nitro-imidazoles et benzimidazoles) sont limités chez l’Homme et seul le métronidazole, est disponible chez le chien et le chat. Les menaces liées à la contamination de l’eau potable – la Seine et la Marne, principales sources d’eau de Paris et de sa région, sont fortement contaminées par G. duodenalis – et l’émergence de souches résistantes aux médicaments disponibles font de cette parasitose un problème de santé publique et de santé animale préoccupant, nécessitant le développement de thérapies de substitution aux antimicrobiens actuellement disponibles. Ceci correspond à un des objectifs de l’Alliance Tripartite FAO/OIE/OMS sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.
Il est documenté depuis plusieurs années dans la littérature, que le microbiote intestinal ainsi que certaines bactéries probiotiques jouent un rôle important dans la protection contre certains agents pathogènes intestinaux dont Giardia, mais peu d’équipes au plan mondial se sont penchées sur les mécanismes d’action. Le consortium ici proposé pour ce nouveau projet, étudie depuis plusieurs années les mécanismes qui sous-tendent ces interactions protectrices, notamment dans le contexte d’une bourse doctorale financée par le Dim MalInf: «Rôle des Bile Salt Hydrolases (BSH) des lactobacilles probiotiques dans le contrôle de la giardiose » (2012-2016). Les études réalisées à ce jour ont permis de mettre en évidence l’action d’enzymes de type Bile Salt Hydrolases (BSH), produites par certaines bactéries probiotiques, qui modifient des composants de la bile (sels biliaires conjugués) non‐toxiques pour le parasite en composants toxiques (sels biliaires déconjugués) pour G. duodenalis (Plusieurs publications, un brevet). Cependant, les mécanismes d’action sur le parasite lui-même restent inconnus et font l’objet de la présente demande.
Les résultats obtenus permettront de déterminer s’il y a une spécificité d’action sur les deux génotypes (assemblages) de G. duodenalis zoonotiques que nous avons étudiés à ce jour (souche des deux assemblages A et B) ou si, au contraire, une généralisation à d’autres assemblages de G. duodenalis et à une diversité de contextes in vivo (dépendance à l’hôte et au microbiote de ces hôtes) peut être observée. Les résultats pourraient en outre ouvrir des pistes d’action sur d’autres agents entéro-pathogènes. Le projet s’inscrit dans l’Axe 2 : Prévenir et traiter les maladies infectieuses ; Nouvelles stratégies thérapeutiques (homme ou animal) de la thématique du programme One Health soutenu par l’Ile de France.